Sur les toiles de Claire Chalet peintre, les couleurs vous enveloppe comme des manteaux d’hiver, des plaids de feutre et de laine qui vous font vous sentir chez vous. Les figures sont des figures bienveillantes, agenrées, elles soufflent leur présence apaisante sur nos inquiétudes quotidiennes. La martiennerie n’a encore jamais risographié de peinture, mais en demandant à Claire Chalet de dessiner ses sorcières, nous savions que les propositions nous emmèneraient sur les chemins d’une nature accueillante, bienveillante, à l’abri des bruits du monde.
Ici, les sorcières sont des êtres aux pouvoirs SURnaturels, littéralement sur la nature, non pas au-dessus d’elle, mais avec elle.
Les sorcières de Claire Chalet sont des êtres respectées et respectables, car elles ont la connaissance, les savoirs et la confiance que l’on doit à la nature. La Souffleuse, La Clairvoyante, L’Ange-Gardienne et La Fafiode ont toutes un rapport étroit avec des éléments de la nature.
Souvent inquiétant dans l’iconographie de l’histoire de l’art, le rapport entre nature et sorcellerie enfante des sabbats terrifiants où se mélangent dans les chaudrons des potions secrètes qui lorsqu’elles sont bues, empoisonnent plus qu’elles guérissent.
Pourtant l’histoire nous apprend que les femmes considérées comme sorcières avaient souvent le pouvoir de guérir, et le pouvoir sur le corps, grâce à une connaissance aigu des bienfaits issus de la nature. Loin de cette imagerie gothique, elles étaient en fait, des guérisseuses dans le sens nobles du terme et permettaient une émancipation du corps malade souvent emprisonné par des croyances masculines douteuses.
Prolixe, l’artiste propose près de 8 portraits de sorcières toutes dessinées à l’encre, à l’aquarelle et comprenant toutes un végétal, une fleur, une feuille, doucement collées qui « vivra » sa propre vie avec le temps. Gageure technique, nous avons dû, dans la coopération, réfléchir à comment rendre ces éléments et ces couleurs les plus vivantes possibles pour (re)donner une « vibrance » aux portraits. Loin de la reproduction imprimée fidèle, l’impression artistique se doit de « faire œuvre » en puisant dans l’original tous les moyens qui donneront à voir le « ton » de l’image, cette « ténie » pour citer Peter Szendy, comme paradigme d’une « iconomie » de l’attention que l’on porte à l’image. En choisissant ensemble les couleurs, leurs superpositions, à tâtons, nous nous sommes laissés portés par les émerveillements que les sorcières elles mêmes nous montraient. Car se sont elles qui ont décidées véritablement de leurs « nuances », elles se sont imposées, ensorcelantes et naturelles. Nous n’en demandions pas tant ! Les 4 sorcières de Claire Chalet, sont les seules risographies dans l’exposition à être imprimées sur un Olin 120g Print Cream. Ce papier d’ordinaire usité en offset, donne aux encres riso une chaleur tout à fait prégnante. Chacune des sorcières est à 35€. Il est possible d’acquérir les 4 pour 100€ le temps de l’exposition. Numérotés et signés à 25 exemplaires.
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