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Un Acte III... Performances textuelles et sanguines !

Dimanche 20 mars à eu lieu l'Acte III de l'exposition "Sorcières..." à la librairie Le Tome 47 à Vitry-sur-Seine. Le soleil était généreux malgré la fraicheur du début de Printemps. Dans ce 3e Acte, la photographe Marie Docher intervenait sur sa photo "Ceci n'est pas un nu !" en écrivant des extraits choisis du texte de Rosa Baum qui accompagnait cette image. Pour la "petite" histoire, cette image avait été faite par l'artiste lors de sa candidature au Beaux Arts section photographie. Pour comprendre et saisir l'ampleur de ce travail, je vous encourage à lire et à regarder les vidéos directement sur sa page ici. L'artiste Marie Docher compte les femmes photographes dans l'art et aussi dans la presse pour qu'enfin les femmes comptent.

Sur la Risographie A1 en deux couleurs suspendue dans la vitrine de la librairie, sont écrit de la main de l'artiste ces quelques mots :


« A la ménopause tout s’arrête »**. La convoitise masculine, la représentation à travers leur regard, de leur désir.

(...) Eve. Une petite pomme de rien pour des millénaires d’oppression, de soumission.


Mais ce dimanche Marie a choisi de réhausser son affiche en effectuant une double performance, écrire le texte à même l'image (au stylo gel rouge) et le ré-écrire sur la vitre du Tome 47 ! Une sorte de Texte et sous-texte pour mieux lire et relire ce que cette "petite pomme" à fait comme mal ! L'écriture de craie avec le soleil est venue faire une ombre sur l'affiche, comme pour mieux laisser dire tout ce que le patriarcat à tendance à assombrir. Mais ce que dit peut-être le mieux la risographie en deux couleurs en grand format, c'est la volonté de frontalement affirmer : Notre corps n'a pas besoin de votre regard approbatif ! Nous existons et nous nous aimons comme nous sommes !




Juste à côté, Anne Mars intervenait sur son affiche qu'elle avait tout juste terminée en dessinant encore la veille les motifs de sorcières qui allaient orner son œuvre façon toile de Jouy.

Encrer d'une belle tâche sanguine, l'étoffe de papier, comme une souillure inévitable et bien visible, montre qu'il faut cesser de considérer les règles honteuses ! Tel serait le message manifeste de cette performance. L'artiste tâche consciencieusement le milieu de son œuvre encore fraîchement imprimé, créant un point d'achoppement qui oblige le regard à la considération et non plus à la sidération. Les règles sont nommées "the curse" : "la malédiction" par certaines femmes anglaises... Maudites, mises à part, impures... Voilà qui réunit les sorcières et leurs maudites réputations avec ce tabou très peu représenté dans l'histoire de l'art.



Le choix de la plasticienne de dessiner des figures de la sorcière dans le cinéma populaire (chez Disney, chez Mario Bava ou encore Myazaki...) a(e)ncre l'affiche dans l'iconographie qui tout au long de l'histoire donne une image péjorative de la Sorcière : Lorsqu'elle est belle (la Belle-mère de Blanche Neige) elle est la représentation des femmes fatales du cinéma des années 30, beauté dangereuse, mortelles, séductrices, vénéneuses etc. Lorsqu'elle est laide, elle est vieille, défiguré par l'âge et ménopausée (dialogue évident avec l'image de Marie Docher et Ève à la pomme)... Dans tous les cas, ça ne va pas, elle est détestée, conspuée, méchante et doit être anéantie dans d'atroces souffrances. Cette allégorie est amplifiée par l'encre rouge qui dégouline sur l'affiche tel une impureté esthétique qui vient troublé l'ordre des motifs qui d'ordinaire, sur la toile de Jouy, sont des scènes champêtres de séduction printanière, scènes galantes et autres scènes de chasse (tiens, tiens, le "male gaze" encore).


Les deux affiches ont été installées dans la vitrine de la librairie complétant ainsi l'intervention de l'ensemble des artistes qui exposent pour Sorcière. Il faut ici remercier Grégoire Orshinger d'avoir laissé la martiennerie totalement libre dans le choix de ces interventions : L'idée géniale qu'il avait évoquée a pris une forme inattendue avec ces 4 manifestes-sortilèges en risographie qui deviennent de véritables œuvres grâce à l'intervention des artistes. Elles sont donc visibles jusqu'au 17 avril, fin de l'exposition. D'ici là, vous pouvez vite réserver votre exemplaire : 180 € numérotée et signée de l'artiste. Les deux exemplaires étant unique par cette intervention.

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